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Pollution

La pollution est l'une des plus sournoises menaces contre la nature : elle peut être hideuse et évidente, comme un dépotoir à ciel ouvert, ou encore invisible, comme les produits chimiques épandus sur nos cultures et nos pelouses. Son action est lente ou encore foudroyante, mais le résultat demeure le même : la pollution change le fragile équilibre des écosystèmes et sème la mort au sein de nombreuses populations animales. Plus de 4 milliards d'années auront été nécessaires pour créer un environnement unique dans tout le système solaire; en une centaine d'années seulement, l'être humain a réussi à bouleverser son milieu au point où le ciel est un peu moins bleu, l'eau un peu moins limpide et la terre un peu moins fertile...

Un tracteur roule dans un champ labouré et procède à l'épandage de produits chimiques.Amoncellement de déchets dans un dépotoir à ciel ouvert.

L'eau

Source de vie, l'eau des lacs, des rivières et des océans est une ressource aussi importante que fragile. C'est également l'habitat prisé par une impressionnante diversité animale. Pourtant, on y déverse quotidiennement quantité de déchets et de matières polluantes qui contaminent ce précieux liquide : des seringues, des briquets et des brosses à dents ont déjà été retrouvés dans l'estomac d'oiseaux marins morts. Les tortues luths, confondant les sacs de plastique avec les méduses, se nourrissent de ces sacs qui bloquent leur système digestif; on estime que les populations de ce reptile ont chuté de plus de 60 % en moins de 20 ans. On croit que près de 100 millions de tonnes de déchets en plastique flottent dans l'océan Pacifique, formant une immense soupe de rebus presque aussi grande que la surface des États-Unis. On y retrouve un peu de tout, incluant des ballons de football, des kayaks et des blocs LEGO. Selon le Programme des Nations Unis pour l'Environnement (PNUE), les débris de plastique sont responsables chaque année de la mort de plus d'un million d'oiseaux et de plus de 100 000 mammifères marins.

Deux canards nagent sur un étang où débouche un tuyau de déversement.Des déchets de plastique de toutes sortes flottent à la surface de l'eau.

Plusieurs se souviennent encore de la terrible marée noire de 1989 au large de l'Alaska, à la suite du déversement du pétrolier Exxon Valdez. Une nappe de pétrole équivalente au contenu de 125 piscines olympiques avait alors fait périr 250 000 oiseaux marins, 300 phoques et quelques 28 000 loutres de mer, en plus de détruire des milliards d'œufs de saumon et de hareng. Cet événement médiatisé à travers le monde avait soulevé l'indignation et démontré à quel point cet environnement est fragile. Mais de telles manchettes ne mettent en lumière qu'une infime partie du problème de la pollution aquatique : plusieurs habitants des milieux marins sont littéralement empoisonnés à petit feu dans leur environnement. Les mammifères marins, comme le béluga, sont particulièrement sensibles aux produits chimiques retrouvés dans l'eau. Situés au sommet de la chaîne alimentaire, ils accumulent dans leur graisse les toxines absorbées par leurs proies. Des études toxicologiques ont révélé que les bélugas sont contaminés notamment au mercure, au plomb, au PCB, au HCB et au DDT. Une carcasse échouée est d'ailleurs considérée comme un déchet toxique! Si le contaminant ne tue pas l'animal, il peut en revanche altérer sa fertilité ou affaiblir son système immunitaire. Pire encore, il peut être transmis de la mère au petit par le lait maternel. La pollution de l'eau est actuellement la principale menace pour la survie des 1 000 à 1 400 bélugas du fleuve Saint-Laurent.

Un canard couvert de pétrole se fait nettoyer par un volontaire.Un béluga nage à la surface de l'eau.

La terre

Si l'herbe paraît toujours plus verte chez le voisin, c'est souvent parce qu'il entretient son carré de pelouse avec différents herbicides et insecticides. Les agriculteurs comptent également sur quelques cocktails chimiques pour maximiser leurs récoltes et minimiser les pertes. Que ce soit dans un but esthétique ou économique, l'humain s'appuie régulièrement sur de puissantes solutions toxiques pour éliminer des végétaux rebelles ou des bestioles un peu trop voraces. Malheureusement, ces armes chimiques ne ciblent pas uniquement les espèces visées et causent des dommages collatéraux importants chez des espèces innocentes. Les herbicides et les insecticides agiraient, entre autres, sur le développement des amphibiens, entraînant des difformités (3 ou 5 pattes), l'apparition de tumeurs ou la stérilité. Le faucon pèlerin a bien failli disparaître du Canada à la suite de l'utilisation massive d'un pesticide dévastateur, le DDT. S'accumulant dans les tissus des proies de l'oiseau, le produit a pour principale conséquence d'altérer le système reproducteur du faucon et d'amincir la coquille de ses œufs. Écrasés sous le poids de la femelle durant la couvaison, les petits ne voyaient jamais le jour, faisant chuter de façon importante les populations de rapaces. L'utilisation du DDT a été bannie au Canada et aux États-Unis en 1971, donnant une lueur d'espoir quant à la survie des populations de faucon pèlerin. Malheureusement, le Mexique autorise toujours l'usage du DDT sur son territoire, exposant par le fait même les oiseaux qui migrent l'hiver en Amérique centrale, sans oublier le vent qui peut transporter ce « poison » vers le nord.

Affichette piquée dans une pelouse signalant l'épandage de pesticides.Profil de la poitrine et de la tête d'un faucon pèlerin juvénile.

L'air

La pollution de l'air affecte plus rapidement et plus directement les êtres vivants à cause de la respiration. Il n'est pas étonnant que, parmi les effets néfastes sur la santé des humains et des animaux, les troubles respiratoires (pneumonie, silicose, asthme, emphysème, bronchite) soient les plus fréquemment rencontrés. L'explosion des activités industrielles et l'utilisation intensive des moyens de transport énergivores favorisent la libération massive d'agents polluants tel le monoxyde de carbone (CO). À titre d'exemple, la ville de Mexico détient le triste record d'une des villes les plus polluées au monde. Construite dans une cuvette entourée de montagnes, elle compte plus de 4 millions de voitures, 27 000 microbus et 92 000 taxis qui consomment chaque jour près de 14 millions de litres de carburant. Le nombre de cas de maladies pulmonaires, notamment chez les enfants, y monte en flèche. L'air est également un puissant vecteur qui peut faire voyager des substances toxiques sur des centaines, voire des milliers de kilomètres avant qu'elles ne retombent au sol avec les précipitations (pluie, neige). En agriculture, on estime que de 60 à 90 % des épandages chimiques n'atteignent pas leur cible! Plusieurs produits employés se volatilisent rapidement après usage et se retrouvent dans l'environnement. Les animaux sont donc exposés à ces substances toxiques par l'entremise de l'eau et de la nourriture qu'ils consomment.

La vue d'un dépotoir n'a rien d'attirant et, pour rien au monde, nous aimerions y vivre. Pourtant, notre belle planète bleue se transforme peu à peu ainsi, changée à jamais par ce que nous y rejetons. Mais c'est peut-être en raison de la pollution que nous parviendrons à prendre des mesures pour soigner et restaurer notre environnement; si elle affecte les plantes et les animaux, la pollution affecte aussi directement la santé humaine. L'être humain n'a donc plus le choix d'agir : autrement, il risque lui aussi de se retrouver sur la liste des espèces menacées.

Gros plan sur le sommet de cheminées d'usines d'où s'échappe de la fumée blanche.Photographie aérienne d'une portion de la ville de Mexico.Un avion passe en basse altitude au dessus d'un champ cultivé afin de procéder à l'épandage de produits chimiques.